ALERTE – Partage des données assurantielles : ce règlement européen qui inquiète les Français

SYMBOL - 05 July 2024, Berlin: A woman holds a smartphone in her hand. Photo: Helena Dolderer/dpa (Photo by Helena Dolderer/picture alliance via Getty Images)

Imaginez votre assureur partageant vos données personnelles avec des géants technologiques sans votre consentement explicite. Ce scénario, qui semble tout droit sorti d’un film de science-fiction dystopique, pourrait bientôt devenir réalité. Le règlement européen FiDA (Financial Data Access) suscite une vague d’inquiétude parmi les Français, réticents à l’idée que leurs informations personnelles soient partagées entre différentes entités. Cette initiative, censée favoriser l’innovation dans le secteur financier, risque en réalité de porter atteinte à la confidentialité des données et au modèle assurantiel fondé sur la mutualisation des risques. Une étude récente révèle que 84% des Français s’opposent fermement à cette perspective. Plongeons dans les détails de cette réglementation controversée et ses implications potentielles.

ALERTE – Partage des données assurantielles et financières : pour les Français, c’est non !

Le règlement européen FiDA (Financial Data Access), actuellement en discussion à Bruxelles, soulève de sérieuses préoccupations en France. Ce texte, qui vise à faciliter le partage des données entre institutions financières et entreprises technologiques, inquiète particulièrement dans le secteur de l’assurance. Selon une étude exclusive réalisée par Kantar pour la Macif auprès de 1003 Français, une large majorité de la population (84%) s’oppose au partage de leurs données personnelles d’assurance.

Ce projet réglementaire permettrait à des acteurs tiers, notamment les grandes entreprises technologiques (GAFAM) ou les AssurTech, d’accéder aux données détenues par les assureurs traditionnels. L’objectif affiché est d’encourager l’innovation financière, mais les risques pour la confidentialité des données et le modèle assurantiel français semblent sous-estimés.

« Ce règlement soulève des questions fondamentales sur la protection des données personnelles des assurés et sur la pérennité de notre modèle de mutualisation des risques », alerte Jean-Philippe Dogneton, Directeur Général de la Macif. Cette position rejoint celle des Français, qui expriment une forte réticence à l’idée de voir leurs informations personnelles circuler entre différentes entités sans garanties suffisantes quant à leur utilisation.

Une réglementation aux risques sous-estimés

Le règlement FiDA s’inscrit dans une volonté européenne de stimuler l’innovation dans le secteur financier. Cependant, cette initiative pourrait avoir des conséquences importantes sur la confidentialité des données personnelles et l’équilibre du système assurantiel français.

La principale préoccupation concerne la notion de consentement. Actuellement, le projet de règlement prévoit un consentement global de l’utilisateur, sans distinction claire entre les différents types de données partagées. « Cette approche ne garantit pas une compréhension complète des enjeux par les assurés. Le consentement risque d’être obtenu de manière trop générale, sans que les personnes concernées mesurent réellement la portée de leur décision », précise Jean-Philippe Dogneton.

L’autre risque majeur est celui de la démutualisation. En permettant aux acteurs technologiques d’accéder à des données granulaires sur les profils de risque des assurés, le règlement pourrait favoriser l’émergence d’offres hyper-personnalisées. Cette évolution menacerait le principe fondamental de la mutualisation des risques, socle du modèle assurantiel français.

Par ailleurs, la question de la sécurité des données transférées reste en suspens. Les GAFAM et autres acteurs technologiques n’ont pas toujours démontré une fiabilité absolue en matière de protection des données personnelles. Face à ces enjeux, l’inquiétude des Français apparaît pleinement justifiée.

Une opposition des Français au partage de leurs données assurantielles

L’étude Kantar réalisée pour la Macif met en lumière une réticence massive des Français à l’égard du partage de leurs données assurantielles. Les chiffres sont éloquents : 84% des personnes interrogées s’opposent au partage de leurs informations personnelles détenues par leur assureur avec des tiers.

Cette opposition se manifeste plus fortement encore concernant certains types de données particulièrement sensibles. Ainsi, 88% des Français refusent catégoriquement le partage de leurs données de santé, 86% celui de leurs données financières et 85% s’opposent au partage des informations sur leur profil personnel.

La confiance accordée aux différents acteurs pour la gestion des données personnelles varie considérablement. Les assureurs traditionnels bénéficient d’un capital confiance nettement supérieur (60%) à celui des GAFAM (18%) ou des AssurTech (27%). Les comparateurs en ligne, qui pourraient potentiellement profiter de ce nouveau règlement, ne recueillent la confiance que de 31% des répondants.

Ce déficit de confiance s’explique par plusieurs facteurs : crainte d’une utilisation commerciale non maîtrisée des données (pour 73% des répondants), risques de piratage (71%), et peur de voir leurs informations personnelles exploitées pour une tarification discriminatoire (65%). De plus, 62% des Français redoutent que leurs données soient utilisées sans leur consentement explicite, et 61% craignent que ce partage ne conduise à des hausses de prix injustifiées.

Ces résultats témoignent d’une véritable prise de conscience des implications potentielles du règlement FiDA et d’une volonté claire des Français de conserver la maîtrise de leurs données personnelles.

Un réel impact sur la solidarité tarifaire et les fondements du modèle assurantiel

Le partage des données assurantielles, tel qu’envisagé par le règlement FiDA, menace directement le principe de mutualisation des risques, pierre angulaire du modèle français d’assurance. En permettant une segmentation toujours plus fine des profils de risque, cette réglementation pourrait entraîner une tarification individualisée contradictoire avec l’esprit de solidarité.

L’étude Kantar pour la Macif révèle que 78% des Français estiment qu’il est important de répartir le coût des risques entre tous les assurés. Cette vision solidaire s’exprime particulièrement face aux événements climatiques, avec 81% des personnes interrogées qui soutiennent le principe d’une contribution équitable pour couvrir les risques naturels, même pour ceux qui n’y sont pas directement exposés.

Cette conception collective de l’assurance s’oppose frontalement à la logique d’hyperpersonnalisation que pourrait favoriser le règlement FiDA. En donnant aux GAFAM et aux AssurTech accès à des données détaillées sur les comportements et les risques individuels, on ouvre la porte à une tarification discriminante qui pénaliserait les profils considérés comme « à risque ».

« Le danger est réel de voir émerger un système à deux vitesses, où les ‘bons risques’ bénéficieraient de tarifs attractifs tandis que les personnes les plus vulnérables se verraient proposer des cotisations prohibitives, voire seraient exclues de certaines couvertures », alerte Jean-Philippe Dogneton.

Méthodologiquement robuste, l’étude Kantar a été réalisée du 19 au 26 juillet 2023 auprès d’un échantillon représentatif de 1003 Français âgés de 18 ans et plus. Elle met en lumière l’attachement profond des Français aux valeurs de solidarité qui fondent notre système assurantiel, et leur opposition claire à un modèle qui fragiliserait cette dimension collective au profit d’une approche purement individualiste.

FAQ : Comprendre les enjeux du partage des données assurantielles

Qu’est-ce que le règlement FiDA exactement ?
Le Financial Data Access (FiDA) est un projet de règlement européen visant à faciliter le partage des données entre institutions financières et entreprises technologiques pour favoriser l’innovation dans le secteur.

Quelles données personnelles pourraient être concernées ?
Potentiellement toutes vos données d’assurance : informations de santé, données financières, historique de sinistres, habitudes de vie et comportements à risque.

Comment ce partage de données pourrait-il affecter mes tarifs d’assurance ?
Une analyse fine de vos données pourrait conduire à une tarification ultra-personnalisée, potentiellement désavantageuse si votre profil est considéré comme « à risque ».

Puis-je m’opposer au partage de mes données ?
Le règlement prévoit un mécanisme de consentement, mais sa forme actuelle pourrait ne pas garantir une compréhension claire des implications par les assurés.

Quelles sont les prochaines étapes pour ce règlement ?
Le texte est actuellement en discussion au niveau européen. Son adoption définitive pourrait intervenir dans les prochains mois, avec une mise en application progressive.

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