Avez-vous déjà imaginé comment votre ville s’organiserait en cas de catastrophe naturelle ? À Castanet-Tolosan, commune limitrophe de Toulouse, la réponse prend forme à travers un dispositif citoyen encore méconnu : la réserve communale de sécurité civile. Face aux risques grandissants liés aux changements climatiques, la municipalité lance un appel aux habitants volontaires pour rejoindre cette équipe de bénévoles prête à intervenir en cas de crise. Une démarche qui allie prévention des risques et renforcement du lien social, dans une région qui garde encore en mémoire la catastrophe d’AZF.
Un dispositif citoyen pour faire face aux risques majeurs
La réserve communale de sécurité civile de Castanet-Tolosan se structure autour d’un objectif simple mais essentiel : créer une première ligne d’intervention citoyenne capable d’épauler les services professionnels lors de situations d’urgence. Inondations, tempêtes, canicules ou pollutions accidentelles – la Haute-Garonne n’est pas épargnée par les aléas climatiques et technologiques.
« Notre commune est exposée à plusieurs risques majeurs identifiés dans notre Plan Communal de Sauvegarde », explique Roman Tesserenc, adjoint à la sécurité. « Nous avons besoin de citoyens formés qui connaissent leur quartier et peuvent agir rapidement avant l’arrivée des secours professionnels. »
Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 15 novembre prochain, avec une première session d’information prévue en décembre pour les volontaires sélectionnés.
Face aux catastrophes : développer la culture du risque
Vingt ans après l’explosion de l’usine AZF qui a profondément marqué l’agglomération toulousaine, la nécessité d’une culture partagée du risque s’impose comme une évidence pour les élus locaux.
« Nous avons collectivement perdu l’habitude d’anticiper les crises », constate Roman Tesserenc. « Les derniers épisodes météorologiques extrêmes nous rappellent pourtant que nous devons être prêts. La réserve communale n’est pas qu’un outil opérationnel, c’est aussi un moyen de sensibiliser la population aux bons comportements en cas d’urgence. »
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique nationale, encouragée par le ministère de l’Intérieur qui voit dans ces réserves un maillon essentiel de la résilience territoriale face aux catastrophes de plus en plus fréquentes.
Des missions concrètes au service de la population
Contrairement aux idées reçues, les réservistes communaux n’interviennent pas directement sur les sinistres – rôle réservé aux pompiers et autres professionnels. Leurs missions, bien que cruciales, sont complémentaires.
« Nos bénévoles pourront être mobilisés pour informer et alerter la population, participer à l’évacuation préventive d’un quartier menacé, ou apporter une assistance aux personnes vulnérables », détaille Céline David, coordinatrice du dispositif.
Parmi les actions envisagées figurent également l’orientation des habitants vers les centres d’accueil d’urgence, la distribution d’eau potable en cas de pollution, ou encore l’aide logistique lors des périodes de canicule pour les personnes isolées. Des gestes simples qui peuvent faire toute la différence dans une situation de crise.
Créer du lien social entre les habitants
Au-delà de la gestion des catastrophes, la réserve communale poursuit un objectif moins visible mais tout aussi important : renforcer la cohésion sociale dans une ville en pleine croissance démographique.
« Nous observons que beaucoup de nouveaux habitants s’installent à Castanet sans forcément connaître leurs voisins », observe Roman Tesserenc. « La réserve communale leur offre l’occasion de s’intégrer, de découvrir leur environnement et de participer à la vie collective. »
Céline David confirme cette dimension sociale : « Lors de nos premiers échanges avec les personnes intéressées, beaucoup nous ont dit vouloir s’engager pour mieux connaître leur ville et ses habitants. Il y a une réelle envie de créer des liens de solidarité qui perdurent au-delà des situations d’urgence. »
Un processus de recrutement accessible à tous
Pour intégrer la réserve communale, pas besoin de compétences particulières ni d’une condition physique exceptionnelle. Le processus de sélection mise davantage sur la motivation et le sens des responsabilités.
« Nous cherchons avant tout des personnes fiables, capables de garder leur calme en situation stressante », précise Mélanie Busnel, responsable de la police municipale impliquée dans le dispositif. « Chaque candidature sera étudiée lors d’un entretien individuel qui nous permettra d’évaluer les motivations et d’identifier les compétences spécifiques que chacun pourrait apporter. »
Les candidats retenus devront être majeurs, résider de préférence sur la commune, et s’engager à suivre les formations proposées. Une visite médicale de base permettra également de s’assurer de l’aptitude des volontaires aux missions qui pourraient leur être confiées.
Formation pratique pour connaître sa commune
Loin des formations théoriques interminables, les futurs réservistes bénéficieront d’un apprentissage pragmatique centré sur la connaissance du terrain et des procédures d’urgence.
« Nous proposons un parcours de reconnaissance à travers la commune pour identifier les zones à risques et les points stratégiques », explique Mélanie Busnel. « Les bénévoles doivent pouvoir se repérer facilement et connaître les lieux d’hébergement d’urgence, les points de rassemblement ou les routes d’évacuation. »
La formation inclut également une initiation aux premiers secours, des exercices pratiques de simulation de crise, et une familiarisation avec les outils de communication d’urgence.
« Ce qui est passionnant, c’est que chacun apporte son regard sur le territoire », ajoute Céline David. « Un ancien agriculteur nous a par exemple signalé des chemins ruraux qui pourraient servir d’itinéraires alternatifs en cas d’inondation des axes principaux. »
Aucune compétence spécifique requise
L’accessibilité est le maître-mot de cette réserve communale de sécurité civile. Loin de rechercher uniquement d’anciens pompiers ou des profils techniques, la municipalité mise sur la diversité des parcours et des compétences.
« Nous avons besoin de tous les talents », insiste Roman Tesserenc. « Une personne qui connaît bien son quartier et ses voisins sera aussi précieuse qu’un professionnel de la sécurité à la retraite. Chacun trouvera sa place en fonction de ses capacités et de ses envies. »
Les compétences linguistiques, la connaissance des réseaux sociaux, ou simplement une bonne capacité d’écoute sont autant d’atouts valorisés dans ce dispositif citoyen.
« Une dame nous a expliqué qu’elle ne pourrait pas porter de charges lourdes mais qu’elle était prête à accueillir et réconforter des personnes sinistrées », témoigne Céline David. « C’est exactement ce type de contribution dont nous avons besoin. »
Un engagement flexible et limité dans le temps
La crainte d’un engagement trop contraignant représente souvent un frein au bénévolat. La réserve communale a anticipé cette préoccupation en proposant un cadre souple et adapté aux disponibilités de chacun.
« Nous savons que nos concitoyens ont une vie professionnelle et familiale chargée », reconnaît la police municipale dans sa présentation du dispositif. « L’engagement est dimensionné en conséquence : quelques réunions annuelles, des formations ponctuelles, et une mobilisation uniquement en cas de besoin réel. »
Les réservistes s’engagent pour une période initiale d’un an, renouvelable par tacite reconduction. Ils peuvent être sollicités lors d’exercices de simulation ou à l’occasion d’événements comme la journée de la résilience, mais le cœur de leur mission reste l’intervention lors de situations d’urgence réelles.
Une expérience collective enrichissante
Au-delà de l’aspect sécuritaire, rejoindre la réserve communale représente une aventure humaine riche en apprentissages et en rencontres. Les premiers volontaires qui ont manifesté leur intérêt témoignent d’une motivation profonde, mêlant civisme et soif de lien social.
« J’ai emménagé à Castanet il y a deux ans, et je cherchais un moyen de m’impliquer dans la vie locale », confie Pierre, 42 ans, parmi les premiers à se porter volontaire. « La réserve communale me permet de me sentir utile tout en découvrant ma ville sous un autre angle. »
Céline David insiste sur la dimension collaborative du projet : « C’est vraiment une coconstruction avec les habitants. Chaque réserviste apporte sa pierre à l’édifice, et ensemble, nous créons un maillage de solidarité qui pourra faire toute la différence le jour où nous en aurons besoin. »
Pour les personnes intéressées, un formulaire de candidature est disponible sur le site de la mairie ou directement à l’accueil de la police municipale. Une réunion d’information est prévue début décembre pour présenter en détail le dispositif aux futurs bénévoles de cette réserve communale de sécurité civile.